Et la lumière fut …

Il est impensable, dans le monde actuel, de vivre sans le courant électrique. On s’en rend compte lorsqu’il y a une petite coupure lors d’un incident technique ou alors après un violent orage ou une tempête. Pourtant, il y a moins d’un siècle, l’électricité n’existait pas dans notre commune. La vie était très simple, mais il fallait faire beaucoup d’efforts manuels. La lampe à pétrole, lampe à carbure, « Karbitlaternà », et la bougie étaient les seuls moyens d’éclairage. Les gens vivaient au rythme des saisons et les cultivateurs soignaient leurs cheptels à la lumière du jour. Ils n’utilisaient la lanterne (Stalllatàrnà) que lorsqu’une vache vêlait, car trop dangereuse, pouvant provoquer un incendie.
L’éclairage des rues était inexistant à la campagne faute d’usine à gaz. S’il fallait se déplacer, une petite lampe avec une bougie à l’intérieur faisait l’affaire, non pour y voir mais surtout pour être repéré.

L'installation de l'électricité

Le 22 août 1912, une compagnie d’électricité procéda à l’achat d’un terrain en aval du village vers OBERDORF, en vue de la construction d’une centrale électrique. Début 1913, un ingénieur a tenu une réunion publique sur le fonctionnement de l’électricité et incitait les gens à l’installer. C’est au courant de la même année que le réseau fut mis en place. Au début, la plupart des habitants ont demandé l’installation pour la lumière seulement. « Combien ça coûtera ? Il y aura un compteur ! »

Le 31 décembre 1913, le réseau fut mis sous tension et c’est la première fois que la plupart des habitants purent fêter le réveillon. Les premiers temps, le compteur impressionnait et on entendait souvent le chef de famille dire : « Läsch s’Liecht, dr’Zeller ruhrt ! » (Éteint la lumière, le compteur tourne !)

Première guerre mondiale

A peine 7 mois après, la première guerre mondiale éclata et n’épargna pas notre région. Deux jours après la déclaration de la guerre, le 5 août 1914, une patrouille française qui prit position entre FELDBACH et RIESPACH, endommagea la centrale électrique et le 6 septembre, elle fut encore endommagée par trois obus de l’artillerie française. Après les hostilités, les cultivateurs et les artisans achetèrent des moteurs électriques et firent installer le courant à haute tension. Les tarifs pour le « Starkstrom » étaient moins chers que pour la lumière.

La première radio

En 1919, le cultivateur et adjoint au maire, Jean SCHUR, posséda la première radio. Quel évènement ! Il invita tous les soirs d’autres curieux pour se rentre compte de cette « boite magique » qui transmit de la musique et des nouvelles du monde entier. L’implantation de cette centrale et la publicité menée par ses agents, contribua à une rapide extension de l’utilisation des appareils et machines électriques, dès leur apparition sur le marché.

Un record national à Waldighoffen

WALDIGHOFFEN détint en 1936 le record national du plus grand nombre de cuisinières électriques (environ 150) par rapport au nombre de ménages ! Jusque là, on chauffait et cuisinait avec du bois et même en été, pour faire du café pour le petit déjeuner, il fallait faire du feu. A l’époque, les cuisinières électriques n’étaient pas données, mais présentaient pour tout le monde un avantage et un confort surtout pour les couples d’ouvriers.

Cette centrale des Forces Motrices du Haut-Rhin, la première du Sundgau, fut l’artisan de l’électrification du Jura Alsacien et de toute la partie occidentale du Sundgau.

Deuxième guerre mondiale

A la déclaration de la guerre en septembre 1939, une équipe du 73e et 76e Electriciens de campagne avait la garde des bâtiments de la centrale et à la retraite des troupes françaises en juin 1940, des transformateurs furent légèrement endommagés.
La loi du 8 avril 1946 a nationalisé les entreprises destinées à la production, au transport et à la distribution de l’électricité et du gaz. WALDIGHOFFEN devint le siège de la subdivision Sundgau de l’Electricité de France (EDF). Elle s’occupait de la transformation et la distribution du courant à partir des lignes 63000 Volts jusque chez l’abonné en assurant l’entretien, le dépannage et la réparation de ses ouvrages, ainsi que les travaux neufs et le renforcement des réseaux existants. La subdivision du Sundgau comprenait 3 districts qui occupaient en 1963, 36 agents dont l’équipe d’entretien à WALDIGHOFFEN, 10 agents à ALTKIRCH et 10 à SIERENTZ.

Restructuration des services EDF

Dans le cadre de la restructuration des services de EDF, la subdivision fut transférée en 1969 à MULHOUSE et le district rallié à celui d’ALTKIRCH. Les bâtiments d’exploitation furent transformés en automatiques et ceux abritant les dépôts et logements, vendus à la commune.

En 1990, EDF a décidé d’anticiper sur le vieillissement des installations existantes en investissant 18 millions de francs pour l’ensemble de l’opération et plus particulièrement pour la réalisation d’un poste équipé des dernières technologies. Ce nouveau poste fut implanté en dehors de l’agglomération, à flanc de colline, de sorte à ne pas constituer une agression visuelle.

L’ensemble de l’opération a pu se réaliser par un échange foncier exemplaire entre la commune et EDF. Six kilomètres de lignes aériennes ont été supprimés et cinq kilomètres de câble souterrain ont été posés. L’ensemble de ce réseau et du poste est surveillé en permanence par un bureau central situé à Mulhouse. Grâce à des organes de surveillance et de télécommande à distance installés au poste de WALDIGHOFFEN, toute anomalie est détectée instantanément à Mulhouse et toute intervention est déclenchée immédiatement.

Fonctionnant depuis 1992 le poste de WALDIGHOFFEN a pour mission d’abaisser le courant de 63 000 volts provenant des postes- sources de Lutterbach et Ile Napoléon en courant à 20 000 volts. Le cœur électrique de ce poste fait battre celui de 52 communes du Sundgau.

René Minery

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